lundi 6 janvier 2020

Big Data aux Lilas

Là, pour le coup, c’est la vraie rentrée. Le quai est blindé. Tout le monde a digéré dinde, saumon et foie gras, marrons glacés et bûche, sans oublier les bornes à pied d’avant les fêtes. Mais tout ceci est derrière nous, bien évidemment. D’autant que pour cette rentrée, il y a une petite nouveauté qui avait presque faillit m'échapper. Fini les gros billets mensuels « à Papy », encombrant sacs et sacoches, et surtout, pas du tout écologique ! Nous sommes tous maintenant encartés à la SNCF ! Sur ce coup là, la Société a démontré une efficacité redoutable - comme quoi, lorsqu’elle fait appelle aux bonnes personnes, elle en est capable. On aurait préféré qu’elle mette ce type d’effort pour faire rouler ses trains ou motiver ses troupes.

Mais revenons à notre carte "atoumod" comme les communiquants l'ont nommé, qui faisait grand bruit dans les couloirs de chaque train avant sa mise en route, puisque désormais obligatoire. Je vous passe les différentes versions, avec ou sans Navigo, annuel ou au mois… mais pour chacune, les principes non avoués reste les mêmes : avoir vos coordonnées bancaire, votre mail pour qu'évidemment, tout soit plus "facile" pour nous. Mais bien-sûr, tout va très bien Madame la Marquise ! On en déduit aussi, que la diminution des guichets va suivre et que nos interlocuteurs les plus loquaces deviendront les distributeurs de billets ! Déshumanisation quand tu nous tiens. Je vous mentirais si je vous affirmais qu'une conversation matinale avec un contrôleur arriverait à me manquer. Mais là encore, SNCF (oui, il ne faut plus dire LA SNCF) arrive encore à me surprendre. Ce matin, un gentil chef de bord (un que je n'avais jamais vu) nous a contrôlé. Rien de nouveau me direz-vous… mais je m'explique.

Je lui présente fièrement mon tout nouveau titre de transport de djeun's, avec ma trombine souriante imprimé dessus et je vois le Gentil Organisateur SNCF qui tique. À mon tour de blêmir, j'ai peut-être oublié un truc ? je n'ai pas rempli le formulaire BF25 en triple exemplaires ? mon RIB n'est pas passé ? mon portrait ne correspond plus à la réalité (c'est vrai que la photo date de 2 ans) ? Bref, je m'interroge !!! Mais son visage s'illumine de nouveau lorsqu'il m'explique, avec le plus grand des sourires, que je n'ai pas validé mon pass. Quoi ? Comment ? Qu'est-ce ?
– "Vous devez composter votre titre de transport Monsieur.
– Ok je le ferais demain, je ne savais pas…
– Il faudra le faire tous les jours Monsieur." M'impose l'homme à la casquette.
Jusque là, je le trouvais presque agréable avec sa bouille joviale, mais là, il venait de rattraper d'un coup le facteur sympathie, proche de zéro, de ses collègues. Et devant mon interrogation plus que marquée, le bougre m'explique avec de vraies phrases, que c'est pour notre bien et celui du trafic ferroviaire !!! Que c'est pour l'optimisation des trains, pour mieux connaitre leurs fréquentations afin de mieux gérer leur cadencement… et blablabli et blablabla…
Mais pincez-moi, je rêve ! Le "charger en communication" déguisé en contrôleur m'explique sans sourciller que je dois faire le boulot de la SNCF et qu'en plus, si j'oublie, c'est 4€ !!!! Il a en plus la finesse d'esprit de me dire qu'il y a plein de gens qui aiment les chiffres à la SNCF. J'ai à peine le temps de lui dire que j'aurais de quoi assouvir n'importe quel mathématicien avec le nombre d'heures de retard pour le prix qu'on paye et le manque de réduction qui devrait aller avec tout ça qu'il m'annonce que cela ce faisait avant avec les opérateurs téléphoniques interrogés sur le nombre de portables détectés au niveau de la gare mais que ça n'était pas assez efficace !!!!… Ce qui ressemblait au fils du Père Noël, se transforme en Edward Snowden en villégiature !

Nous passons donc du big data… au poinçonneur des Lilas !

Ce n'est pas possible, je dois encore être dans mon lit. Mais je reviens à moi quand le barbu me rend mon titre de transport et que je vois sur sa veste, telle une broche, ce que j'ai pris pour une caméra. Un sourire et notre Jacques Ségéla du rail, notre Mark Zuckerberg du transport ferroviaire ou notre Edward Bernays faisant tchou-tchou, tourne les talons pour redresser d'autres âmes égarées. Je repense immédiatement à ses 2 collègues affalés sur NOS sièges tergiversant sur leurs acquis sociaux, qui aurait largement mérité un Coup de Zoom ou un Grand Angle de cette caméra pas si discrète, plutôt que ma trogne pas réveillée.
Il faudrait généraliser cette pratique pour qu'on puisse se rendre compte plusieurs choses. L'impolitesse, le mépris et le manque d'éducation, l'agression quasi constante à la langue française et les contrôles sélectifs de certains contrôleurs, donneraient déjà beaucoup de file à retordre à la DRH de la maison. Mais visiblement, la gentillesse paye à la SNCF, puisque seuls les bons éléments ont le droit à leur mouchard sans, qu'évidemment, cela ne fausse les chiffres, d'agressions ou de me mauvais comportements, des fois que l'on soit "surpris" de l'origine de ces incivilités.

Le 18h19 est sans histoire.


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